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Flicker

Du cinéma structurel
à l'hyper-synchronisation

Peter Kubelka

Un cinéma radical

Peter Kubelka devant la partition de son film Arnulf Rainer

Kubelka est l'un des précurseurs du cinéma « structurel », et a donné naissance à ce que l'on appelle aujourd'hui l'effet « Flicker » (que l'on traduirait par « clignotement » ou « scintillement »). L'idée fondamentale de ce type de cinéma est de privilégier la forme au contenu, en accordant une place prédominante à la structure du film, d'où l'importance de la forme « partition », qui vient compléter et éclairer la projection du film. Pour Gilles Deleuze, dans ce type de processus il s'agit de substituer « à l’image-mouvement, le clignotement, comme une espèce de vibration de la matière ». Il évoque aussi dans ce cadre la possibilité d'une « image-perception » qui serait le résultat de la mise en exergue de la génétique du film.

D'autres cinéastes viendront explorer ces principes, mais citons surtout Paul Sharits, qui travaille aussi sur le son, la vitesse et la perception, et présente lui aussi ses films, dont certains inachevés, sous forme de partition : « Compte tenu de l’inertie rétinienne et du clignotement de la projection cinématographique, il est possible de générer des formes virtuelles, de créer un véritable mouvement (plutôt que de l’illustrer), de construire un espace chromatique (plutôt que de le représenter) et de s’impliquer en temps réel par une présence immédiate ».

Ryoji Ikeda

Art binaire audiovisuel

Ryoji Ikeda, test pattern

Ryoji Ikeda est un artiste japonais qui a débuté dans les années 90 en tant que DJ. C'est notamment au sein du collectif multimédia Dumb Type qu'il commence à explorer les arts sonores1, pour ensuite travailler sur ses propres créations sonores et ses performances qui sont à présent unanimement reconnues dans le monde de l'art. Ikeda est réputé pour ne pas donner d'interview ; il pense en effet que son œuvre doit parler d'elle-même.

Si l'artiste ne souhaite que très rarement s'exprimer, la documentation sur son travail est elle-même très sommaire. Elle nous indique que test pattern est un dispositif qui peut prendre différentes formes: installation, performance live et enregistrement. À l'aide d'un programme informatique, ce dernier est capable de convertir n'importe quel type de données (texte, son, photos ou films) en informations binaires (des 0 et des 1). À partir de ces chiffres, il va générer des suites de lignes blanches (pour le 0) et noires (pour le 1) s'apparentant à des code-barres à l'écran et des sons. Le rythme de diffusion du son et de l'image (plus de 100 images/secondes) est ultra-rapide.

Toujours selon le texte, le projet est destiné à explorer la relation entre les limites de la machine et les seuils de la perception humaine.

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